By akademiotoelektronik, 21/02/2022
Base aérienne 709 à Cognac : Juliette, le futur « cerveau » des avions de chasse de l’armée
Plus que son physique bâti par la performance en conditions extrêmes, c’est le discours de l’aspirant Juliette qui marque. En filigrane de chaque phrase qu’elle prononce, on ressent un équilibre parfait entre détermination et maturité. C’est en partie pour cette raison que cette jeune femme a été sélectionnée pour faire partie de l’élite de l’armée de l’air. En ce moment, elle termine sa formation de navigatrice à la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard. Elle est la seule femme de sa promotion (voir encadré).
Dans la décennie qui vient, la native de Nancy sera sans doute dans le cockpit d’un Rafale ou d’un Mirage dans une zone de guerre quelque part au-dessus de l’Afrique lors d’une mission à haut risque. Elle ne tiendra pas le manche mais sera le « cerveau » de l’avion de chasse, prête à faire face aux embûches et aux imprévus. « Pour les sorties aériennes qui durent, le pilote ne peut être seul pour assurer l’intégralité des tâches, il lui faut quelqu’un pour gérer le vol. C’est là que le navigateur intervient », détaille la jeune femme de 25 ans. Ce « copilote » gère de manière plus spécifique les différents systèmes de l’avion, le fuel, l’armement. Il est aussi là pour contre vérifier les instruments à bord et assurer la sécurité dans des phases de vols complexes.
Juliette marche dans les pas de son père, lui-même navigateur dans un avion de chasse, mais elle ne pense pas que cela ait été déterminant dans son choix professionnel. « Certes, je baignais dans un univers militaire mais mon père ne parlait quasiment pas de son travail. C’est plutôt lorsque je me suis mise à pratiquer régulièrement le planeur que l’idée de devenir aviateur a germé mais je voulais que mon futur métier ait un sens. Je voulais servir ma patrie. C’est pourquoi, j’ai choisi l’armée. »
Corps à rude épreuve
Après un baccalauréat scientifique et une licence de maths, en 2018 elle a intégré la grande muette après une sélection drastique.« Il y a des tests psychotechniques, d’anglais, et sportifs puis vient le temps des entretiens. Cela dure une semaine. Au fil des jours, il y a beaucoup d’écrémage. À la fin, on n’est qu’une poignée. »
Avant d’arriver à Cognac en novembre dernier, elle a intégré l’école de l’air et de l’espace à Salon de Provence, un an de classe militaire suivi d’un an de formation aéronautique. Ses instructeurs l’ont ensuite affectée à la filière la plus prestigieuse de l’armée de l’air : le cursus « chasse ».
À la recherche de l’équilibre
Depuis, si elle effectue beaucoup de missions sur un simulateur, elle survole chaque semaine la Charente à bord, d’un Pilatus PC-21, le nouvel avion de chasse d’entraînement de chasse de l’armée de l’air. Dans ces appareils, le facteur de charge peut atteindre 8 G, c’est-à-dire que la jeune femme doit supporter 8 fois son poids. C’est encore plus que les pilotes de Formule 1 (5 G) lors d’une puissante accélération dans un virage. « Je n’ai pas encore eu de malaise mais je sais que cela peut arriver. On est préparés à ça. Après, lors de sorties, on porte des pantalons anti-G qui sont faits en tissu avec des vessies qui se remplissent d’air pour comprimer le bas du corps et éviter que le sang n’irrigue plus assez le cerveau », raconte l’apprentie navigatrice.
Elle aimerait à la sortie de sa formation être affectée à la base aérienne de Saint-Dizier en Haute-Marne où elle pourrait voler à bord d’un Rafale. « C’est un rêve mais si l’opportunité ne se présente pas, je ne vais pas déprimer. Nos instructeurs nous apprennent à prendre du recul par rapport à nos carrières. Ils nous disent souvent qu’il est essentiel d’avoir une vie personnelle épanouie pour être efficaces à nos postes. Je songe d’ailleurs à la maternité et je réfléchis à quel moment sera le plus opportun pour devenir maman ».
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