By akademiotoelektronik, 22/12/2022

Dans la Tech, la guerre des talents reprend de plus belle

La reprise économique a relancé les recrutements dans les métiers de l'intelligence artificielle et du cloud. Le secteur, déjà en tension avant la crise, accuse d'un manque criant de candidats.

Crise? Quelle crise? Dans les métiers de l'informatique, on manque sérieusement de bras et de cerveaux. "On n'a jamais eu autant de travail, explique Alison Donadieu, consultante en recrutement au sein du cabinet spécialisé Silkhom. Pour le secteur, on a un candidat pour six offres."

Ce sont particulièrement les métiers de la Tech, notamment ceux de l'intelligence artificielle, de la data, du cloud qui peinent à recruter. Et ce n'est en réalité pas nouveau: la guerre des talents que se livrent les entreprises fait rage depuis des années. "Il est bien évident que le marché est très demandeur et tout le monde recrute", soulignait la semaine dernière sur BFM Business Aiman Ezzat, PDG de Capgemini.

Développeurs, data scientists, devops… autant de postes très recherchés, quelle que soit la taille de l'entreprise. Mais la crise a accéléré le mouvement.

Dans la Tech, la guerre des talents reprend de plus belle

La demande soudaine a créé un goulot d'étranglement pour ces métiers qui évoluent en plus très rapidement. Alors les salaires gonflent pour attirer des talents que les petites PME peuvent rarement s'offrir.

Les levées de fonds se multiplient

Mais ce n'est pas qu'une question de candidats sur le marché. Les profils ne répondent pas forcément aux attentes actuelles, prévient Alison Donadieu. "Les entreprises veulent des profils expérimentés et sur le marché, on a surtout des juniors", souligne-t-elle. Dans ces métiers encore récents, souvent changeants, les grands groupes n'ont pas toujours en interne des formateurs pour accueillir des jeunes diplômés.

Quant aux startups, elles cherchent aussi des profils solides. Et là aussi, la demande a augmenté. "On observe depuis trois mois une explosion des levées de fonds", explique Maeg Horeau, Tech Recruiter au sein du cabinet Urban Linker. BackMarket, Ledger, ContentSquare… la Tech française se porte comme un charme mais doit recruter massivement pour passer un nouveau cap.

Et là encore, les candidats ont un train de retard.

Or, les formations françaises sont réputées pour faire d'excellents théoriciens, mais moins axés sur les projets industriels. Enfin, les salariés qui ont opéré des reconversions vers ces métiers, avec des formations plutôt courtes, peinent davantage à décrocher un job.

L'IA à la rescousse de l'IA

Comment sortir de ces multiples impasses? Les cabinets tentent de convaincre les entreprises de choisir des jeunes, quitte à patienter quelques mois pour qu'ils soient encore pleinement opérationnels. "Cela permet d'avoir un salarié formé sur-mesure au poste", souligne Alison Donadieu.

Et parfois, l'IA peut venir à la rescousse de l'IA. "Des startups commencent à proposer des outils qui viennent soulager les développeurs en leur enlevant certaines tâches chronophages", explique Maeg Horeau. En clair, l'IA pourrait bien faire diminuer la demande des entreprises.

Reste que cela prendra encore du temps, tandis que la crise a accéléré la digitalisation des entreprises. Mais cela devrait surtout se faire sentir à la rentrée et au début de l'année 2022, indique Alison Donadieu. La guerre des talents n'est pas prête de s'apaiser.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business
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