Par akademiotoelektronik, 25/03/2023
Crise des sous-marins: pourquoi la Nouvelle-Calédonie fait parler d'elle?
PACIFIQUE - “Il serait bien que la France réaffirme son attachement à la Nouvelle-Calédonie”, a lancé ce mardi 21 septembre Michel Barnier, candidat à la présidentielle, interrogé sur la crise des sous-marins entre la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Dans le contexte tendu depuis la rupture du “contrat du siècle”, le territoire d’outre-mer attire en effet les regards.
Après le “désastre diplomatique et industriel” de la rupture du contrat géant de fourniture de sous-marins à l’Australie, “nous devons réfléchir à nos propres erreurs dans cette grande région indopacifique” de laquelle “les Américains et les Chinois (...) veulent nous éliminer”, a martelé Michel Barnier ce mardi 21 septembre sur France 2.
Et l’ancien monsieur Brexit de la Commission européenne de faire valoir que la France a “des raisons d’avoir une ambition française dans cette région” indopacifique. Avant lui, Xavier Bertrand, autre candidat de droite à la présidentielle (sans passer par la case primaire) avait exprimé un avis similaire et appelé Emmanuel Macron à défendre “l’influence” française dans la région.Par quel biais? En misant sur les territoires ultramarins et plus précisément la collectivité de Nouvelle-Calédonie, à 3000 km des côtes australiennes.
La Suite Après Cette PublicitéL’“ancrage” de la France dans la région indopacifique
La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna, Mayotte et la Réunion sont “l’ancrage (de la France, NDLR) dans cette zone indopacifique”, déclarait Emmanuel Macron lors d’un déplacement en Australie en 2018. Avec “un peu plus d’un million et demi de citoyens” et “une présence militaire de longue date”, la France doit une partie de sa place de deuxième puissance maritime mondiale à ses îles dans la région. En 2018, le président de la République les remerciait même d’avoir “préfiguré en quelque sorte” la “stratégie indopacifique” vantée aux côtés de l’Australie.
Un peu plus de trois ans plus tard, la stratégie en question a volé en éclat depuis la naissance de “AUKUS” (alliance Autsralie-Grande-Bretagne-Etats-Unis) le 15 septembre. Mais les territoires ultramarins sont toujours là. Et leur importance s’en trouve décuplée. “Je pense que la France devrait réaffirmer plus sa présence en Nouvelle-Calédonie ou à Tahiti (en Polynésie française, NDLR)”, a estimé sur Europe1 le général Christophe Gomart, ancien commandant des forces spéciales. Avant de confier que cet avis était partagé par “ses homologues australiens et néozélandais” lorsqu’il était en poste.
Mikaa Mered, enseignant et secrétaire général de la chaire outre-mer à Sciences Po, estime lui que la France fait pour l’instant figure de “partenaire junior” dans la zone, notamment comparé aux Britanniques. Ces derniers ne disposent que d’une île - Diego Garcia - dans l’océan Indien. Mais “c’est une base qui permet aux États-Unis et puis, du coup, à leur allié anglais de pouvoir rayonner sur l’ensemble de l’océan Indien et de mieux le contrôler”, estime l’enseignant, interrogé par Nouvelle-Calédonie 1re.
La Suite Après Cette PublicitéLe référendum calédonien à l’horizon
“Il ne tient qu’à la France aujourd’hui de réinvestir sur ses outre-mer, de leur donner une plus grande valeur ajoutée d’un point géostratégique” estime Mikaa Mered. “Ça passe par le déploiement de moyens, le déploiement d’hommes. Et puis évidemment, la capacité de pouvoir utiliser les espaces ultramarins, sur lesquels il y a des bases militaires pour les alliés américains de manière beaucoup plus approfondie”.
À un détail près. D’ici fin 2021, la France pourrait être contrainte de se passer de la Nouvelle-Calédonie, qui doit se prononcer sur son maintien ou non comme territoire de la République française. Les deux premiers référendums ont vu la victoire du “non” à l’indépendance: d’abord confortablement avec 56,7% des voix lors du premier scrutin, puis moins largement, avec 53,3% des bulletins au deuxième. Le troisième référendum prévu par les Accords de Nouméa doit intervenir le 12 décembre prochain. Et si la crise actuelle ne remet nullement en question sa tenue ni sa teneur, elle donne à son résultat une importance encore plus grande d’un point de vue géostratégique.
“Je le dis très clairement: je souhaite que la Nouvelle-Calédonie reste dans la communauté nationale, et il est essentiel d’entendre le gouvernement et le chef de l’État dire exactement la même chose”, a ainsi insisté Xavier Bertrand invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.
La Suite Après Cette PublicitéJusqu’à présent, Emmanuel Macron a joué la carte de la prudence sur le référendum. Il a accueilli les résultats du deuxième scrutin avec “reconnaissance”, tout en affirmant “entendre la voix de celles et ceux qu’anime la volonté de l’indépendance”. Son ministre des outre-mer Sébastien Lecornu doit se rendre dans l’archipel début octobre non pas pour “faire campagne”, souligne-t-il, mais pour “poursuivre le dialogue politique” et “aider à construire les prochaines étapes”. L’intérêt de cette mission est aujourd’hui autant d’ordre national qu’international.
À voir également sur Le HuffPost: Crise des sous-marins: tension diplomatique entre la France, Les États-Unis et l’Australie
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