Par akademiotoelektronik, 01/10/2022

Paluel : l’unité de production 1 de la centrale nucléaire est en maintenance pendant quatre mois

C’est un court-circuit qui a déclenché le sinistre. Le dimanche 4 avril 2021, vers 22 h 30, le transformateur principal de l’unité de production une de la centrale nucléaire cauchoise a pris feu, provoquant un arrêt automatique du réacteur. À peine quelques jours plus tard, le jeudi 8 avril, le directeur du site Jean-Marie Boursier décrypte : « C’est certainement dû à une défaillance technique, même si l’origine exacte de l’incident est encore inconnue. Une expertise est en cours. Il n’y a toutefois pas lieu de s’inquiéter, l’incendie n’a pas eu lieu dans la partie nucléaire, et il n’y a pas eu de blessés ni de rejet à la mer. » Il salue la réactivité du personnel d’exploitation sur place, qui a maîtrisé l’incendie « en moins d’une heure », avant même l’arrivée des sapeurs-pompiers. « Nos 400 membres du personnel d’exploitation sont formés à la prévention et la lutte incendie, dit-il. Les 900 autres ont des entraînements réguliers. »

« 13 000 activités »

L’unité de production touchée n’a pas été pour autant relancée car, selon un calendrier établi « depuis plus d’un an », elle fait l’objet depuis samedi 10 avril, et pour quatre mois de ce que la profession nomme une « visite partielle ».

« Plus de 13 000 activités sont prévues lors de cet arrêt programmé pour maintenance, dont des contrôles approfondis du circuit primaire principal, la visite complète du moteur d’un des deux groupes électrogènes de secours et les épreuves hydrauliques des capacités secondaires », livre le service communication d’EDF. Est-ce que l’incendie du 4 avril est le signe qu’il était plus que temps que cette opération se déroule ? « Ça n’a rien à voir, défend le directeur. Il s’agit d’une avarie, c’est la faute à pas de chance. Le transformateur touché a été changé en 2016, et fait l’objet comme le reste du matériel d’une analyse de tendance - huile, température... - régulière. »

Entre fin janvier et début mars, une autre des quatre unités de production de la centrale de Paluel a fait aussi l’objet d’une visite partielle. Et au cours de l’automne 2021, une troisième suivra. Les arrêts de production sont ainsi échelonnés, plutôt aux beaux jours, car l’hiver, la consommation énergétique du pays augmente.

40 ans, et après ?

Paluel : l’unité de production 1 de la centrale nucléaire est en maintenance pendant quatre mois

Ultime étape de contrôle sur ces unités sensibles, ce sont les visites décennales - tous les dix ans donc -, là aussi une pour chaque unité de production. « Un check-up complet de la centrale, image Jean-Marie Boursier. Il nécessite six à sept mois d’arrêt, et permet une mise à jour des installations en matière de sécurité. » La catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 a logiquement été incorporée au logiciel d’EDF.

La prochaine visite décennale locale doit se dérouler en décembre 2025. Les réacteurs nucléaires du pays ont été conçus à l’origine pour durer quarante ans, même si l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN, lire ci-dessous) envisage depuis peu leur prolongement, au cas par cas. Mise en service en 1986, la centrale paluellaise a bouclé l’an passé son troisième cycle de visites décennales.

L’ASN, l’autorité qui veille au grain

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est une autorité administrative indépendante. Elle est chargée de trois missions principales, notamment auprès des 19 centrales nucléaires actuellement en fonctionnement dans le pays : informer le grand public, réglementer (donner son avis au gouvernement sur les décrets et arrêtés ministériels, prendre des décisions réglementaires à caractère technique) et contrôler sur site le bon respect des exigences - règles générales et prescriptions particulières.

Sept avis d’incidents en 2020

Basée à Caen, l’ASN Normandie exerce ces missions auprès de trois centrales : Flamanville (Manche), Penly (Seine-Maritime) et donc Paluel, première centrale de Normandie avec ses quatre réacteurs de 1 300 mégawatts électriques chacun. Au-delà, l’autorité indépendante contrôle également d’autres installations (le Ganil à Caen par exemple), mais aussi des laboratoires agréés, ou encore des activités nucléaires de proximité dans divers domaines : médical, vétérinaire, industriel, recherche...

Consultable sur son site internet www.asn.fr, le bulletin de chaque structure est détaillé. Dans son appréciation de 2019 au sujet de la centrale de Paluel, l’ASN précise pour la sûreté nucléaire : « Le processus de gestion des écarts [de conformité affectant le matériel, NDLR ] mis en œuvre sur le site est performant et les analyses des causes relevant de facteurs organisationnels et humains sont approfondies ». Sur le plan de l’exploitation, « les performances de la centrale nucléaire se sont légèrement dégradées et relèvent un manque de rigueur dans les activités de conduite ». Enfin, sur le plan de la maintenance, « les performances sont satisfaisantes », avec néanmoins, parmi les recommandations, une amélioration de « la surveillance des interventions réalisées par des prestataires », aussi au niveau environnemental, « principalement concernant la station d’épuration des eaux usées ».

En 2020, l’ASN a émis sept avis d’incidents pour Paluel, dont un de niveau deux (sur un total de sept).

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