Par akademiotoelektronik, 03/08/2022
Disparition d’Emiliano Sala. Un rapport dévoile de nouvelles photos de l’épave de l’avion
C’est un document de 16 pages, mis en ligne ce lundi vers 15 h. L’AAIB (Air Accidents Investigation Branch), le bureau d’enquête sur les accidents aériens britanniques, a publié un rapport provisoire sur l’accident du Piper Malibu tombé dans la Manche, lundi 21 janvier, avec à son bord l’ancien footballeur de Nantes Emiliano Sala et le pilote David Ibbotson.« Le Bulletin spécial contient des informations factuelles validées recueillies au début de notre enquête,peut-on lire.Il explique également les autorisations d’aéronef et les exigences en matière de licence de pilote applicables aux aéronefs immatriculés aux États-Unis, effectuant un vol transfrontalier en Europe avec un passager à bord. »
L’appareil gît en trois morceaux
L’examen vidéo a permis d’établir que l’avion avait été largement endommagé, et que le corps principal de l’aéronef était en trois parties. Le moteur s’est détaché du poste de pilotage et l’arrière du fuselage s’est détaché de la section avant. Le moteur s’était déconnecté du poste de pilotage et la section extérieure des deux ailes, de l’empennage manquaient.
« Nous avons rassemblé des éléments de preuve provenant de radars, de bulletins météorologiques, de vidéos de l’avion au fond de la mer et d’interviews de témoins. Certains aspects opérationnels restent à déterminer, tels que la validité de la licence et des qualifications du pilote »,poursuit le rapport.
Les éléments de preuve passés en revue
Selon le rapport, l’appareil a perdu de l’altitude, est descendu à 1600 pieds à une vitesse de 7000 pieds par minute, avant de reprendre de l’altitude (2300 pieds) puis de perdre subitement le contact radar. L’avion est tombé brutalement en l’espace de 20 secondes après que le pilote a entamé un virage à 180°. Par ailleurs, les enquêteurs ont relevé que le pilote n’a pas gardé une trajectoire rectiligne comme prévu, mais assez sinueuse.
L’AAIB n’est toutefois qu’au début de son enquête. « Notre priorité maintenant est de passer en revue les éléments de preuve, qui sont pour la plupart volumineux et complexes, afin de pouvoir reconstituer ce qui s’est passé entre la perte de l’appareil radar et son immobilisation au fond de la mer. Cela nous aidera à comprendre les causes potentielles de l’accident. »
L’avion était bien entretenu, selon le bureau d’enquête. Le certificat de navigabilité était daté du 27 avril 1984. Ce certificat reste valable si la maintenance de l’aéronef a été effectuée conformément aux lois fédérales. Le dernier entretien important a été achevé le 30 novembre 2018.
Vol privé ou commercial ?
Le rapport s’est surtout longuement penché, sans apporter de réponse précise, sur la notion de vol commercial ou de vol privé. L’avion et son pilote pouvaient-ils transporter l’ex-buteur du FC Nantes en toute légalité ? Sur ce point, le voile est loin d’être levé.
« Le pilote possédait une licence de pilote privée (PPL) délivrée par le Royaume Uni. On pense que la licence et le journal de bord du pilote ont été perdus avec l’aéronef et donc les notes sur ses licences et leur validité, et l’étendue de ses récents vols n’a pas encore été déterminée. Mais une PPL n’autorise pas un pilote à transporter des passagers contre récompense. Pour ce faire, cela nécessite une licence commerciale. »
La base sur laquelle le passager était transporté n’a pas encore été établie, mais auparavant, le pilote avait transporté des passagers sur la base du« coût partagé » . Le partage des coûts permet à un pilote privé de transporter des passagers dès lors que ces passagers contribuent au coût réel du vol.« Le partage des coûts profite aux particuliers pilotes qui, en partageant les frais de leur vol, peuvent voler plus qu’ils ne le feraient autrement, augmentant ainsi leur niveau d’expérience. »
Sauf que le joueur de foot, ni même le pilote David Ibbotson, n’ont payé quoi que ce soit, selon les informations en notre possession. David Ibbotson s’est vu régler les frais d’hôtel (la facture a été transmise par mail) et les taxes aéroportuaires par Dave Henderson, le pilote habituel du Piper Malibu. Ce même Dave Henderson qui avait été contacté par celui qui a organisé le vol, l’Ecossais Willie McKay, et qui a renoncé pour une raison inconnue à prendre les commandes de l’appareil.
« Or, insiste le bureau d’enquête sur les crashes aériens, le pilote doit contribuer aux coûts directs réels du vol. Si le vol implique le pilote et un passager, le pilote doit alors payer la moitié des frais d’exploitation. Il faut aussi que le pilote ait un objectif véritable (également appelé objectif commun) pour effectuer le vol. C’est lui qui doit dicter le moment du vol. Le vol ne doit pas être fait dans le seul but de transporter le passager. »Était-ce le cas dans le cas de figure du vol funeste qui a causé la mort de deux hommes ? Rien n’est moins sûr…
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