Par akademiotoelektronik, 27/09/2022
Le Canada veut des partenaires de confiance en intelligence artificielle
Le ministre Champagne a formulé ces commentaires à La Presse canadienne, lundi, lors d'un entretien depuis l'Allemagne, car il participe à un voyage d'une semaine qui doit le mener dans trois États européens pour une conférence internationale majeure sur l'avenir de l'Intelligence artificielleIA.
Cette déclaration peut être perçue comme un signal assez clair que le géant chinois des télécommunications Huawei pourrait être exclu des fournisseurs potentiels de la technologie 5G.
Les entreprises retenues bientôt connues
Le gouvernement fédéral repousse depuis longtemps déjà l'annonce de l'identité des entreprises retenues pour déployer le réseau Internet de nouvelle génération 5G, exploité par intelligence artificielle. Cette décision tarde notamment en raison de l'intérêt de Huawei dans le projet alors que la Chine détenait jusqu'à tout récemment deux Canadiens de manière arbitraire, Michael Kovrig et Michael Spavor.
Les deux hommes ont été libérés en septembre, après plus de 1000 jours de détention dans une affaire largement perçue comme une mesure de rétorsion de Pékin en réponse à l'arrestation à Vancouver de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis. Cette saga a pris fin quand les États-Unis ont renoncé aux procédures contre Mme Meng après s'être entendus avec ses avocats.
Le ministre Champagne a dit s'attendre à ce que la décision du Canada dans le dossier des fournisseurs du réseau 5G soit annoncée au cours des prochaines semaines, au moment de la reprise des travaux à la Chambre des communes, le 22 novembre.
La sécurité nationale est la priorité quand on aborde un dossier comme celui-là. On pense souvent aux infrastructures comme étant des ponts et des routes, mais les infrastructures réseau et les réseaux de télécommunications sont réellement la voie du futur
, a-t-il souligné.
La compagnie chinoise Huawei convoite le projet de 5G au Canada.
Photo : Reuters / DADO RUVIC
Le Canada est le seul membre du réseau allié de renseignement des Five Eyes
, qui comprend les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, à ne pas encore avoir banni Huawei de toute participation au déploiement de son réseau 5G. Tous les autres l'ont fait en raison des soupçons selon lesquels l'entreprise servirait de paravent au service de renseignement militaire chinois. Des accusations que rejette vigoureusement la société.
Le réseau Internet de cinquième génération, ou 5G, s'appuiera largement sur des systèmes d'Intelligence artificielleIA nuagique qui devraient transformer la vie quotidienne des Canadiens. Il est notamment question du potentiel de véhicules autonomes et de soins de santé automatisés, y compris des interventions chirurgicales.
Le gouvernement Trudeau a souvent vanté l'expertise canadienne dans le domaine de l'Intelligence artificielleIA et de l'apprentissage machine comme moteur de croissance économique.
Mais parallèlement, des inquiétudes grandissantes s'expriment au Canada et à l'étranger au sujet du pouvoir envahissant et perturbateur des algorithmes obscurs qui régissent les lucratives plateformes, comme Facebook et Google.
Le mois dernier, le Nouveau Parti démocratiqueNPD a réclamé un meilleur encadrement réglementaire pour restreindre Facebook, notamment en forçant l'entreprise à agir contre la désinformation, les discours haineux et le manque de transparence de ses algorithmes.
Le député néo-démocrate Charlie Angus a demandé qu'on apporte ces changements en réaction au témoignage d'une sonneuse d'alerte chez Facebook, Frances Haugen. Cette dernière a déclaré dans son témoignage devant le Congrès américain que les produits développés par l'entreprise avaient causé du tort aux enfants et avaient contribué à la polarisation du discours politique aux États-Unis.
Une nouvelle charte numérique
François-Philippe Champagne dit être plus que disposé à écouter les suggestions des partis d'opposition au moment où il se prépare à déposer une nouvelle charte canadienne du numérique devant les parlementaires. La charte vise à régler un grand nombre de problèmes touchant l'économie numérique et l'intelligence artificielle.
On sait que l'Intelligence artificielleIA va transformer nos vies
, a concédé le ministre. Toutefois, il répète que la technologie doit tenir compte de la protection de la vie privée et que le gouvernement doit créer un cadre réglementaire qui reflète les valeurs canadiennes.
C'est très important pour moi, parce qu'on voit une croissance exponentielle de l'Intelligence artificielleIA. On a un grand nombre d'experts, de talents, et on veut les orienter dans la bonne direction pour que l'IA soit perçue comme une technologie bénéfique pour les gens
, a-t-il exposé.
L'Union européenne a adopté certaines des restrictions les plus sévères concernant la protection des données personnelles, qui permettent aux usagers de choisir quelles informations ils acceptent de partager avec les entreprises en ligne.
M. Champagne veut que sa charte du numérique apporte un équilibre permettant aux utilisateurs d'être en confiance tout en stimulant l'innovation. Et, bien qu'il souhaite entendre les recommandations des parties impliquées et des élus des oppositions, le ministre veut que sa charte soit déposée plus tôt que tard.
Au cours de son séjour en Europe, le ministre Champagne aura aussi des discussions pour renforcer les liens économiques avec le vieux continent dans un contexte de tensions croissantes dans la chaîne d'approvisionnement mondiale qui ont entraîné des pénuries de pièces électroniques et de matériaux rares nécessaires à la fabrication d'ordinateurs et de téléphones intelligents.
Le ministre a soigneusement évité de nommer la Chine, mais a déclaré : En ce qui concerne la protection des données personnelles, il faut avancer avec les yeux grands ouverts. Je crois que l'on va continuer de bâtir, avec nos partenaires de confiance, une chaîne d'approvisionnement pour ces éléments clés.
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