By akademiotoelektronik, 21/05/2022
"Femmes, Ministres, et Féministes": Elisabeth Moreno et Agnès Pannier-Runacher font cause commune pour l'égalité femmes-hommes
"Cet ouvrage est né d'une discussion que nous avons eu avec Elisabeth Moreno, d'un défi que nous nous sommes lancées pour porter la cause de la parité femmes-hommes dans toutes les strates de la société", explique Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, chargée de l'Industrie. Ce jeudi 13 janvier, elle publie aux côtés de la ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, la Diversité et l'Egalité des chances l'ouvrage "Femmes, Ministres et Féministes - Notre combat pour l'égalité réelle" aux éditions Point d'Orgue.
Lors d'un temps d'échange avec la presse, mercredi 12 janvier, les deux ministres ont présenté 20 nouvelles propositions pour l'égalité entre les femmes et les hommes*. Ces dernières portent sur différents axes, à savoir renforcer le cadre juridique, légal et culturel de l'égalité, protéger les femmes contre les violences et améliorer leur accès à la santé, accélérer l'égalité économique et professionnelle et enfin renforcer la diplomatie féministe de la France. "Nous travaillons à ce que certaines de ces propositions puissent être retenues comme prioritaires par notre majorité, souligne Agnès Pannier-Runacher. Il faut amener du grain à moudre à la discussion et au débat". Pour Elisabeth Moreno, il s'agit de ne pas faire retomber la dynamique entreprise par le quinquennat. "Nous partons de très loin, il y a encore beaucoup de choses à réaliser", fait savoir la ministre, qui rappelle que ce sujet concerne 52% de la population française.
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"Le féminisme est une conquête permanente"
Cet ouvrage, Elisabeth Moreno le présente comme "nécessaire". Il est d'ailleurs préfacé par Zarifa Ghafari, une des seules femmes maires, élue à 26 ans en Afghanistan qui a fui son pays pour se réfugier en Allemagne. Elle rappelle combien elle a vécu "ce combat pour l'égalité dans (s)a chair". Et lance un appel: "Je voudrais que toutes les Françaises et les Français aient conscience de la chance qu'ils et elles ont de pouvoir débattre de ces questions sur la place publique". Leadership au féminin, quotas, rôles modèles, #MeToo, prostitution et même écriture inclusive... S'en suit un dialogue complice entre les deux ministres, qui se définissent toutes deux volontiers comme féministes. "Je pense néanmoins qu'il est important de faire preuve de pédagogie et de définir le féminisme, souligne Elisabeth Moreno. Il s'agit d'un mouvement qui a vocation à rendre l'égalité entre les femmes et les hommes concrète et réelle. Il s'agit d'une lutte contre les comportements sexistes dont notre société est malade. Il s'agit de permettre aux femmes d'être libres de leurs choix, en toutes circonstances. Le féminisme est donc un combat pour la liberté et l'égalité. Le féminisme est une conquête permanente". A chacune d'évoquer leur prise de conscience féministe et les freins spécifiques qu'elles ont pu rencontrer au fil de leur carrière. Agnès Pannier-Runacher se souvient par exemple de sa prise de fonction en tant que ministre. "Je me souviens notamment d’un dîner avec des femmes venues de différents horizons, l’industrie de la pêche, le sport professionnel, le sanitaire avec la Maison des Femmes ou encore le militantisme pur. En dépit de la diversité de leurs trajectoires, chacune faisait un constat implacable de notre retard en matière d’égalité. Leurs propos ont structuré ma réflexion de manière inattendue".
Il est alors temps d'agir concrètement pour l'égalité réelle, en commençant par réduire les inégalités persistantes dans le monde de l'entreprise. Elisabeth Moreno cite à ce propos l'ambition que s'est fixée la proposition de loi Rixain-Castaner en instaurant des quotas dans les instances dirigeantes des entreprises. Et de citer un autre enjeu qui lui tient à coeur, l'accompagnement dans l'insertion professionnelle des femmes de plus de cinquante ans. "N'ajoutons pas, à l'inégalité de genre, une inégalité liée à l'âge", estime-t-elle. D'âge, il en est d'ailleurs question quand il s'agit de faire de se concentrer sur l'accès des filles aux formations scientifiques. "Il faut mettre le paquet sur cet enjeu dès l’école primaire, et faire en sorte aussi de rendre ces métiers techniques et scientifiques plus concrets en faisant visiter des usines aux élèves dès l’école primaire", soutient Agnès Pannier-Runacher.
"Nous partons de très loin"
Derrière cette discussion à bâtons rompus, Elisabeth Moreno et Agnès Pannier-Runacher en profitent pour dresser le bilan de la grande cause du quinquennat à l'approche des élections présidentielles. "Depuis 2017, la Grande cause du quinquennat du président de la République a mobilisé l’ensemble du Gouvernement, qui a agi sur tous les fronts de l’égalité", se félicite ainsi Elisabeth Moreno qui cite les actions entreprises pendant cinq ans, précisant que le budget de son ministère a quasiment doublé depuis 2017. "Une hausse historique", affirme-t-elle. Même registre du côté d'Agnès Pannier-Runacher. "Je crois que nous pouvons être fiers de ce bilan", estime-t-elle, citant par exemple l'index de l'égalité professionnelle mis en place par Muriel Pénicaud quand elle était ministre du Travail.
Si beaucoup de choses ont été faites pendant ce quinquennat, considèrent les deux ministres, il s'agit de ne pas baisser la garde. "Nous devons continuer ce combat, l’égalité n’est pas un acquis, c’est un combat de haute lutte pour rayonner sur le monde, martèle Elisabeth Moreno. Nous partons de très loin, il y a encore beaucoup de choses à faire et énormément de sujets à couvrir pour atteindre un jour cette égalité concrète". Et d'adresser un message aux jeunes filles : "Battez-vous pour vivre la vie dont vous rêvez. Vous tomberez parfois, vous décevrez probablement, vous commettrez des erreurs certainement, mais vous apprendrez et vous vivrez sûrement", lâche Elisabeth Moreno. Agnès Pannier-Runacher soumet pour sa part ce conseil à cette même jeune fille: "N'hésite pas à demander conseil ou de l'aide, sans avoir peur de sortir de ton cercle familial. Beaucoup plus de gens qu'on ne le pense sont prêts à aider ". A Elisabeth Moreno de conclure: "Nous allons inspirer énormément d'autres pays, au-delà de donner aux femmes de notre pays toute la place qu'elles méritent, et tout le monde en sortira gagnant".
* Les 20 propositions sont les suivantes :
01. Instaurer dans la loi organique un principe de non-régression du droit des femmes et une « règle d’or » de la parité femmes-hommes
02. Faire de l’égalité une priorité absolue dans l’éducation nationale, notamment en promouvant l’accès aux options scientifiques et techniques pour les filles
03. Renforcer la place et la visibilité des femmes dans l’espace public, médiatique et culturel
04. Renforcer la protection des femmes handicapées contre les violences
05. Ouvrir la médecine et la recherche médicale à une prise en compte réelle des spécificités physiologiques des femmes
06. Favoriser l’égal accès des filles, des jeunes femmes et des femmes au sport
07. Zéro tolérance dans la lutte contre le harcèlement et le sexisme dans l’espace public et levée de l’anonymat pour les harceleurs en ligne
08. Mener une action spécifique sur les métiers féminins pour en améliorer les conditions de travail
09. Renforcer le contenu et la portée de l’index de l’égalité professionnelle et rendre transparents les salaires minimums, maximums et médians sur les postes sur lesquels les entreprises recrutent et promeuvent
10. Adapter les modes de travail des femmes au monde post-Covid
11. Faire du maintien ou de la réinsertion des femmes de plus de 45 ans dans l’emploi une priorité
12. Instaurer un « droit au répit » pour les femmes à la tête de familles monoparentales
13. Créer des « maisons des femmes entrepreneures » dans chaque région
14. Renforcer les critères de mixité dans la prise de décision des investisseurs et des banques privés
15. Prévenir et neutraliser les biais de genre dans l’intelligence artificielle
16. Améliorer la représentation des femmes dans les chambres de commerce, les ordres professionnels, les fédérations, les branches et les organisations syndicales
17. Lever la solidarité fiscale pour les conjointes en instance de séparation et ex conjointes d’hommes maltraitants
18. Amplifier le rayonnement et l’impact de la diplomatie féministe française
19. Imposer une obligation d’exemplarité en matière de refus des violences sexistes et sexuelles aux candidats aux élections locales et nationales
20. Prendre en charge des consultations psychologiques pour les femmes victimes de violences
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