By akademiotoelektronik, 29/04/2022
SoundCloud va-t-il (enfin) révolutionner le streaming ?
La plateforme allemande a mené une expérience fondée sur le “user-centric service”, un modèle qui pourrait, à terme, déboucher sur une redistribution plus équitable des revenus du streaming.
Aux côtés de la blockchain, des NFT et de l’intelligence artificielle, c’est l’une des applications technologiques qui secoue l’industrie musicale : le user-centric streaming service. Plébiscité par de nombreux·euses artistes qui peinent à dégager des revenus décents avec le streaming mais boudé par le mastodonte du streaming Spotify, ce modèle de redistribution des richesses pourrait permettre aux artistes professionnel·les plus modestes de coexister avec les superstars de l’industrie qui, pour l’heure, accumulent la grande majorité des richesses.
Lutte des castes
Dans cet écosystème décrié, le petit poucet du monde du streaming SoundCloud (et sa version payante, SoundCloud Go) a lancé en mars 2021 une expérience fondée sur le modèle du user-centric pour environ 100 000 artistes qui monétisent leur musique sur la plateforme.
Le principe est simple et repose sur un retournement de paradigme. Exit la mise en commun des revenus liés aux abonnements ou aux publicités et leur redistribution en fonction des parts de marché des artistes, bonjour la rémunération directe de l’utilisateur·trice aux musicien·nes qu’il ou elle écoute. Ainsi, une personne qui ne streame pas les chansons de superstars comme Drake ou The Weeknd ne verra pas l’argent généré par son abonnement (ou par la publicité) tomber dans des poches déjà bien remplies, mais bien dans celles de ses artistes favori·tes.
>> À lire aussi : Plateformes de streaming et artistes : vers une rémunération plus juste ?
Cas concret
Le 8 juillet, la formation trip-hop de Bristol Portishead a publié sur SoundCloud une reprise de SOS d’ABBA soumise à ce nouveau modèle. Si l’entreprise s’est tout d’abord montrée discrete sur cette expérience du user-centric, les récents résultats semblent corroborer l’idée qu’un tel système de rémunération pourrait avoir un impact réel : en l’espace d’un mois, le morceau de Portishead a généré six fois plus de revenus qu’il ne l’aurait fait dans le modèle traditionnel.
Nouveau monde ?
Encouragé par ce cas concret, SoundCloud a exprimé sa volonté à poursuivre sur cette voie. Comme le précise Pitchfork, un représentant de la plateforme a indiqué : “Le modèle fonctionne comme prévu et la statistique concernant Portishead est la confirmation de la conception de ce modèle – l’engagement des fans génère des revenus significatifs.” Dans cette configuration, l’excuse selon laquelle l’utilisation de ce fonctionnement augmenterait les coûts administratifs et opérationnels des plateformes de streaming en complexifiant le modèle actuel semble alors bien peu de choses face aux possibilités du user-centric service.
Néanmoins, ce mode de fonctionnement a peu de chance de changer radicalement la donne selon une étude menée par le Centre national de la musique (CNM) en 2020. Avec le user-centric, une star planétaire comme The Weeknd – qui profite du paiement au prorata du système traditionnel utilisé par Spotify et autres – perdrait 15% de ses revenus liés au streaming, au profit d’autres musicien·nes. Mais seule une petite proportion des artistes présent·es sur les plateformes d’écoute profiteraient de cette redistribution des gains : les 10 000 les plus écouté·es (tous genres confondus) bénéficieraient d’une hausse de revenus significative alors que le reste continuerait, à la marge, de se partager les miettes. Pas de solution miracle donc, mais une alternative à considérer.
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