Podle akademiotoelektronik, 16/07/2022

TÉMOIGNAGE. « Il y avait des jets de lave » : guide aux Canaries, Violaine s’est approchée du volcan

Guide touristique sur l’île de La Palma, dans les Canaries, Violaine Molherac a assisté à l’éruption de la Cumbre Vieja dimanche 19 septembre. La Française, expatriée depuis quatre ans, n’était pas habituée à un tel spectacle volcanique.

« Ça émeut de vivre ça »

Violaine Molherac habite dans la zone nord-ouest de l’île de La Palma, « à 16 kilomètres à vol d’oiseau du volcan », précise-t-elle. De là-bas, « on ne se rend compte de rien. Ni nuage de fumée, ni odeur de soufre. » Alors, curieuse, la guide touristique de 34 ans a décidé d’aller voir l’éruption de plus près : « Hier, je me suis déplacée sur le secteur. C’est un événement historique très impressionnant tout de même ! »

L’accès au volcan est bien entendu limité aux secours sur place. « Je me suis approchée de la bouche éruptive, dans le périmètre de sécurité, rassure-t-elle. De la lave en sortait. Elle ressemblait à du feu, mais avec un rouge beaucoup plus intense. Il y avait des jets de lave, dont la hauteur était difficile à évaluer. Peut-être une trentaine de mètres ? Et puis des scories aussi, des pierres expulsées, qui retombaient sur le volcan. Une immense fumée sortait en forme de cône, noire avec un peu de brun, un peu jaunâtre parfois, selon la concentration en soufre je crois. »

Devant un tel spectacle, la Française est stupéfaite : « Ça émeut de vivre ça. La Terre respire, je crois que c’est la phrase qui décrit tout cela le mieux. »

Un événement anticipé

« On entend beaucoup de fake news sur l’ampleur de l’événement. Ce n’est pas un scénario catastrophe non plus. Les secours sont très organisés, la Guardia Civil, la sécurité civile, beaucoup de pompiers ont été détachés de Tenerife », rassure la guide.

L’éruption du volcan n’a pas été une surprise pour les autorités, qui s’y préparaient depuis une bonne semaine : « Il y a d’abord eu une alerte sismique relevée sous la crête de la Cumbre Vieja. Puis c’est passé en alerte jaune, la population a été prévenue. On s’y attendait, même si la probabilité que cela se produise était faible, à peu près 20 %. Ensuite, il y a eu un plan d’évacuation des villages concernés. La population a pu réagir dans le calme. »

Les éruptions volcaniques aux Canaries sont relativement fréquentes. Quand Violaine Molherac s’est rendue au pied du volcan en feu, elle a rencontré un couple de personnes âgées originaires de l’île. « Le monsieur, âgé de 87 ans, m’a dit que c’était sa troisième éruption. Il en avait déjà connu en 1949 et 1971, il y a tout juste 50 ans, confie-t-elle. Pour beaucoup de Palmeros, c’est un phénomène relativement normal, les îles Canaries sont des îles volcaniques jeunes. »

Les volcans jeunes sont plus susceptibles d’entrer en éruption que les vieux volcans, endormis voire éteints.

« Un vrai réseau s’est créé »

En 1971, peu d’habitations avaient été touchées. « Cette année, les deux grosses coulées de lave, qui descendent vers la mer, emportent des habitations sur leur passage. »

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Malgré la beauté du spectacle, Violaine Molherac pense à ceux qui ont été évacués : « Nous avons évidemment de la compassion et de l’empathie à l’égard des habitants qui vont perdre leur maison. » Sur l’île, tout le monde s’est organisé pour soulager les victimes : « Il y a beaucoup de solidarité. Un vrai réseau s’est créé pour récupérer les animaux des personnes délogées, offrir des solutions temporaires d’accueil, de la nourriture. »

Violaine Molherac a suspendu ses activités de tourisme dans la zone du volcan, pourtant un incontournable, mais rappelle que « seulement une partie de l’île est concernée par l’éruption. Ailleurs tout va bien. » Le phénomène pourrait se poursuivre plusieurs semaines voire plusieurs mois.

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