Podle akademiotoelektronik, 05/03/2023
VIDÉO. Le taxi volant de Volocopter certifié en Europe : l'Urban Air Mobility prête à décoller
Les participants au Paris Air Forum l'avait vu voler en exclusivité lundi 21 juin à l'aéroport du Bourget. Le Velocity, un VTOL (véhicule à décollages et atterrissages verticaux), entièrement électrique du constructeur allemand Volocopter avait fait une démonstration en vol remarquée. Dans l'assistance, Patrick Ky, le directeur exécutif del'AESA (l'agence européenne de la sécurité aérienne) avait l'œil rivé sur cette créature capable de transporter deux personnes dont un pilote, à une vitesse de 110 km/h et à une altitude de 400 à 500 mètres. Le tout avec une autonomie de 35 km.
Première mondiale
Demandée en mai par le constructeur, la certification de l'aéronef était dans sa dernière ligne droite. Après cet essai concluant, l'AESA a autorisé l'appareil à faire des vols d'essai dans des périmètres limités, une première mondiale, avant un feu vert commercial espéré d'ici à quelques années sur le marché convoité des taxis volants. Selon une étude du cabinet de conseil Oliver Wyman publiée en novembre 2019, le futur marché des taxis volants pourrait, en effet, représenter plus de 35 milliards de dollars en 2035 et concernerait 60 à 90 villes dans le monde, et surtout les mégapoles congestionnées d'Asie et d'Amérique.
Avec le certificat obtenu, le drone peut « désormais être exploité dans une zone à faible risque clairement délimitée », y compris à proximité de zones plus à risque comme une ville ou un stade sportif, a expliqué l'AESA.
Découvrez la démonstration de vol du taxi volant de Volocopter à l'aéroport du Bourget à l'occasion du Paris Air Forum organisé par La Tribune, lundi 21 juin.
Se déplacer dans les airs pour aller d'un point A à un point B sera bientôt possible. À condition que la réglementation évolue et que les gênes potentiellement occasionnées par ces objets volants disparaissent. Néanmoins, en mai, l'AESA avait publié les résultats d'une première étude à l'échelle de l'Union européenne sur la mobilité aérienne urbaine, qui montrait que la majorité des personnes interrogées accueillent favorablement la perspective de services tels que les taxis aériens, les ambulances aériennes et les livraisons par drones, même si des préoccupations avaient été exprimées concernant des problèmes potentiels tels que la sûreté, la sécurité, le bruit et l'impact sur la faune.
Si l'on en croit les acteurs de la mobilité aérienne urbaine réunis ce lundi à l'occasion du Paris Air Forum organisé par La Tribune et ADP, dont la RATP, Thales, et la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile), les projets n'ont jamais été si nombreux. D'autres acteurs se pressant sur le futur marché des taxis volants en Europe, l'AESA s'attend d'ailleurs à traiter "un grand nombre de demandes de vérification de conception dans les mois à venir".
En région, les essais menés en juin à l'aéroport du Bourget anticipent une filière de mobilité aérienne projetée en région parisienne par plusieurs acteurs, dont la RATP, avec pour objectif de pouvoir proposer en 2030 une offre commerciale, dans la foulée de démonstrations prévues à l'occasion des Jeux olympiques et Paralympiques de Paris en 2024.
Pour Marc Houalla, le directeur de l'aéroport Paris Charles-de-Gaulle, la mobilité aérienne permet de repenser la mobilité à la fois « urbaine et périurbaine »,. D'une part, l'objectif est « d'utiliser la 3ème dimension pour décongestionner les villes », a rappelé Yannick Assouad, directrice générale adjointe Avionique chez Thales, en rappelant qu'à l'échelle mondiale, le coût économique de la congestion du trafic s'élève à « plus de 200 milliards d'euros ». D'autre part, ce nouveau mode de mobilité offrira « la possibilité de répondre à des besoins qui ne sont pas encore couverts » comme le fait de « rejoindre plus rapidement les pôles d'affaires », a ajouté Marie-Claude Dupuis, directrice de la stratégie et du développement de la RATP.
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Si les attentes sont grandes, le déploiement de ces voitures volantes sera progressif. Au début, des lignes aériennes seront déployées entre deux points, avant de créer des services de « taxis aériens à la demande à travers la ville », a expliqué Florian Reuter, le directeur général de Volocopter.
Étendre les zones de contrôle et digitaliser l'espace aérien
Pourtant, la concrétisation des ces projets, comme ceux de Volocopter ou de Re.Invent Mobility Projet de la Région Ile-de-France, se heurte encore à réglementation. Pour rappel, à Paris, il existe une interdiction de survol en-dessous de 6.500 pieds. De plus, pour les hélicoptères, « il y a une autorisation de circulation (...) selon des traces qui recoupent à peu près les grands axes (...) et qui par ailleurs limite en zone urbaine l'usage commercial à la présence de deux turbines », a précisé Damien Caze, directeur général de la DGAC.
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Or, « si nous voulons vraiment aboutir à la notion de taxis volants », ces règles devront « intrinsèquement changer », a prévenu Yannick Assouad. En effet, « lorsque l'on va multiplier par 100 ou 1.000 le nombre d'objets volants », il faudra faire évoluer le « contrôle de ce espace, en dehors des aéroports, qui aujourd'hui n'existe pas », a-t-elle conclu.
Mais comment faire évoluer la réglementation ? Dans un premier temps, la mobilité aérienne urbaine devra s'insérer dans la réglementation actuelle, a-t-elle recommandé. Ensuite, lorsque seront envisagés dans objets sans pilotage humain, il faudra « digitaliser complètement l'espace aérien », a-t-elle poursuivi. Concrètement, il s'agira d'augmenter « la puissance de calcul sur les systèmes de trafic au sol pour qu'ils communiquent avec un avion » qui aura un segment bord, tout en veillant à ce que cette liaison soit « extrêmement sécurisée ».
71% des Européens prêts à l'essayer
Une fois la question réglementaire réglée, il faudra gagner « l'acceptation du public », a mis en garde Florian Reuter. Cela doit passer par la réduction de la pollution visuelle et sonore engendrée par ces aéronefs, mais surtout par le fait de « prouver à la société que nous améliorons globalement la qualité de vie dans la ville » et pas seulement celle des « privilégiés », a-t-il fait valoir. A titre de comparaison, lorsque « l'on regarde pourquoi l'hélicoptère n'a pas réussi à éclore » dans la mobilité aérienne urbaine, il y a à la fois le manque d'acceptabilité par les riverains avec « le bruit », et « le prix du voyage », a fait remarquer Marc Houalla.
Or, « cette gêne visuelle et sonore ne diminuera que si » les aéronefs « ne font pas de bruit et que les gens se sentent en sécurité » avec ces objets « au-dessus de leur tête », a expliqué Yannick Assouad. « Le maître-mot, c'est la sécurité », a-t-elle conclu. Note d'optimisme cependant : beaucoup de citoyens semblent prêt à accueillir ces nouveaux modes de transport dans leur vie. Si l'on en croit une étude publiée par l'Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA) en mai, 83% des Européens ont une vision positive de l'Urban Air Mobility, et 71% seraient même prêts à l'essayer.
Pontoise, un laboratoire de l'Urban Air Mobility
Surtout, la mobilité aérienne urbaine peut s'appuyer sur un fort potentiel de marché. Rien qu'en Île-de-France, 43 millions de déplacements étaient réalisés par jour en 2018, pour un total de 12,1 millions de Franciliens, note l'Enquête globale transports (EGT) réalisée par Ile-de-France Mobilités (IDFM). En plus, la Région accueillait avant-crise 50 millions de touristes par an. De fait, Paris « est la plus grande ville d'Europe continentale » et « c'est un cadre parfait » pour réunir des « pionniers » dans le domaine, a résumé Florian Reuter. Au total, le secteur de la mobilité intelligente devrait représenter 15,2 milliards de dollars en 2030 contre 5,3 milliards en 2018, d'après un rapport de MarketandMarkets, institut d'analyses sectorielles.
En attendant les Jeux Olympiques de Paris en 2024, le groupe ADP veut faire de l'aéroport de Pontoise un « vertiport » pour tester « toute la chaîne de valeur » du monde de la mobilité aérienne urbaine, s'est enthousiasmé Marc Houalla. De la certification avec la DGAC en passant par l'acceptabilité auprès de la riveraineté, l'objectif est d'en faire un « centre d'expérimentation », a-t-il expliqué. Après une heure de conférence et un « calendrier ambitieux », les intervenants paraissent résolument optimistes, a-t-il remarqué Florian Reuter.
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Margaux Fodéré9 mn
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