Podle akademiotoelektronik, 08/08/2022
Décrypteurs Une arnaque Bitcoin aux couleurs de La Presse promue à l’aide de publicités Facebook
Un faux article qui usurpe l'identité visuelle de La Presse est utilisé pour appâter les internautes québécois vers des plateformes d'échange de cryptomonnaie qui font l’objet de plusieurs signalements en ligne pour arnaque. L'article, accessible par plusieurs liens différents, était promu à l’aide de publicités Facebook depuis au moins le 4 janvier. Elles ont maintenant été retirées par le réseau social.
Un texte de Nicholas De Rosa
La multinationale Tesla a décidé d’aider les personnes dans le besoin et a commencé à mettre en place son projet Bitcoin Bank en investissant 1,5 milliard de dollars dans Bitcoin
, peut-on lire dans le faux article. Or, aucun projet de la sorte n’existe.
Selon le faux article, Bitcoin Bank permet de tirer profit de [plusieurs] cryptomonnaies, même dans un marché baissier
. Il utilise l'intelligence artificielle (IA) pour gérer automatiquement les ventes à court et à long terme, ce qui vous permet de gagner de l'argent 24 heures sur 24, même pendant votre sommeil
, poursuit-il.
Le directeur des relations médias de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Sylvain Théberge, met en garde contre les offres alléchantes qui garantissent des retours. Tout ce qui parle de profits assurés, tout ce qui parle de rendement qui apparaît beaucoup trop beau pour être vrai, c'est immédiatement des drapeaux rouges
, dit-il.
L’internaute est invité à fournir des renseignements personnels pour s’inscrire à l’échange de cryptomonnaie à même le faux article : prénom, nom de famille, adresse courriel et numéro de téléphone. Cela mène vers une plateforme où il faut effectuer un dépôt initial, généralement de 320 $
. Le faux article affirme qu’un gestionnaire de compte personnel
communique ensuite avec les investisseurs par téléphone.
Un lecteur qui s’est inscrit avant de signaler cette publicité aux Décrypteurs a abouti sur le site web de C4U Capital, qui fait partie de la liste noire de l’AMF des sites Internet et des entreprises exerçant des activités à risque élevé potentiellement illégales au Québec.
Quand une entreprise se retrouve sur une telle liste, ça veut dire que nous avons, comme régulateur, des raisons très probantes de croire que cette entreprise-là est frauduleuse. Parfois, ça peut être des appels qu’on a reçus, donc on peut asseoir cette décision-là sur des éléments très précis. Parfois, ce sont des informations qu’on a reçues d’autres régulateurs. Ce sont des organisations problématiques avec lesquelles les gens ne devraient pas faire affaire
, fait savoir Sylvain Théberge.
Contacté par les Décrypteurs, La Presse a dit être au courant de cette arnaque. Nous sommes au fait de cette utilisation de notre logo et [de notre] signature visuelle à des fins frauduleuses. Notre équipe juridique est sur le cas afin d’analyser et de rectifier la situation
, a réagi sa vice-présidente communications et philanthropie, Florence Turpault-Desroches.
Des arnaques promues sur Facebook
Nous avons répertorié plus d’une quarantaine de ces publicités Facebook trompeuses menant à un faux site web contenant l’article, jeudi et vendredi. Plusieurs d’entre elles ont été retirées avant même que nous contactions le réseau social à leur sujet, mais d’autres ont seulement été retirées après avoir été signalées.
Nous avons également répertorié au moins trois autres publicités Facebook faisant la promotion de faux articles en français quasi identiques, présentés toutefois sur un site web qui ressemble en tout point à celui du tabloïd britannique The Daily Mirror.
Un autre exemple de l'arnaque qui court sur Facebook. Photo : Capture d'écranSelon les politiques de Facebook, les publicités ne doivent pas faire la promotion de produits, de services, de stratagèmes ou d’offres associés à des pratiques trompeuses ou malhonnêtes, y compris pour escroquer des gens ou leur subtiliser de l’argent ou des renseignements
. Elles ne peuvent pas non plus promouvoir les échanges de cryptomonnaie ou des produits et services connexes sans autorisation écrite préalable
.
Nous n'autorisons pas les publicités qui induisent les gens en erreur en utilisant des images de personnalités publiques, nous a déclaré Alex Kucharski, le directeur des communications canadiennes de Meta, la société mère de Facebook. Nous avons consacré des ressources importantes à la lutte contre ce type de publicités en améliorant les systèmes automatisés qui suppriment les publicités avant que les gens les voient, et nous investissons dans de nouveaux outils pour les rendre plus efficaces.
Meta a également affirmé qu’elle teste présentement un nouveau système de signalement de publicités trompeuses ou frauduleuses au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande, et que celui-ci arriverait prochainement dans d’autres pays. De plus, l’entreprise encourage ses utilisateurs à signaler toute publicité qui enfreint ses règles.
Meta n’a pas répondu à nos questions spécifiques sur les raisons pour lesquelles certaines des publicités avaient été permises sur la plateforme, même si elles enfreignaient plus d’une règle.
Les arnaques aux cryptomonnaies, de plus en plus fréquentes
La cryptomonnaie est un appât de choix pour les arnaqueurs. Selon un communiqué de la GRC, le nombre d’incidents de fraude liée à la cryptomonnaie a augmenté de 400 % de 2017 à 2020. Les Canadiens auraient perdu plus de 70 millions de dollars dans des fraudes à l'investissement en 2021, selon le Centre antifraude du Canada.
Les incidents de fraude liée à la cryptomonnaie ont augmenté de 400 % de 2017 à 2020. Photo : Getty Images/Edward SmithDepuis deux ans, la pandémie a d’ailleurs créé un environnement propice à tout ce qui touche à l’investissement autonome, dont les cryptomonnaies, explique Sylvain Théberge.
Les gens sont à la maison, les gens sont confinés. Il s’est développé un réflexe de : ''Pourquoi ne pas essayer?'' parce qu’un ami leur en a parlé ou parce qu’ils ont vu une publicité
, soutient le directeur des relations médias de l’AMF.
En décembre, CBC a rapporté que la Québécoise Harpreet Sahota avait perdu plus de 102 000 $ en s’inscrivant à un échange de cryptomonnaie promu sur Facebook. Après que son investissement initial de 300 $ eut rapidement gonflé, de présumés représentants de l'entreprise à l'origine de l'arnaque l'ont convaincue au téléphone de déposer des dizaines de milliers de dollars de plus dans son compte. Mme Sahota n’a toujours pas revu son argent.
Avec les informations de Jeff Yates
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