Podle akademiotoelektronik, 22/10/2022
Peut-on avoir à la fois la liberté et la sécurité ?
La déclaration a enflé le temps d’un buzz. Elle a tout de même coûté à son auteur la vice-présidence de son parti. Le 30 mai 2021, à quelques semaines des élections régionales, le député Les Républicains Guillaume Peltier plaide pour l’instauration d’une « Cour de sûreté de la République». Son principe : placer en rétention des personnes fichées pour radicalisation, sur la base de « soupçons avérés et concrets» et « sans possibilité de faire appel». Le droit rend la chose inenvisageable ? Qu’importe ! Elle serait soumise à référendum, quitte à « sortir provisoirement» de la Convention européenne des droits de l’homme. L’élu LR, longtemps encarté au Rassemblement national (RN), a-t-il voulu précipiter l’avènement d’une police prédictive, capable de punir l’infraction avant commission ? À l’image du système pénal en vigueur dans Minority Report, la nouvelle de Philip K. Dick et son adaptation au cinéma par Steven Spielberg ?
Démagogie inutile ou cynisme dangereux ? En tout cas, les réactions à cette sortie n’ont guère freiné un climat politique dopé au slogan « La sécurité, première des libertés», étrenné par le fondateur historique du RN Jean-Marie Le Pen en 1992. Au contraire, le thème a battu la campagne des élections aux conseils régionaux et départementaux, qui pourtant n’ont pas compétence en la matière. La « première des libertés» a bon dos, quand elle est en plus invoquée au nom de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen où elle ne figure pas ! Et si, malgré ses accents totalitaires, le dérapage (contrôlé ou non) du député Peltier ne faisait que pousser à l’extrême une obsession sécuritaire entrée dans les mœurs ? L’hypothèse se tient.
Depuis quatre décennies, en effet, l’enjeu de la sécurité a suscité des politiques publiques de plus en plus répressives. Il a même déstabilisé un ordonnancement juridique bâti en principe pour garantir l’exercice des libertés fondamentales identifiant une démocratie : celle d’aller et venir, de se réunir, de manifester ou encore d’informer, de s’informer et de s’exprimer. Toutes ces libertés ont vu leur espace se restreindre encore au fil des états d’urgence imposés par la lutte antiterroriste puis la pandémie de Covid-19.
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