Podle akademiotoelektronik, 16/05/2022
Bruno Le Maire plaide pour une Europe souveraine sur le plan technologique
La crise du Covid a poussé la Commission européenne à revoir début mai sa stratégie industrielle dans le but de réduire la dépendance, européenne vis-à-vis de la Chine, mais aussi du Vietnam, du Brésil ou des États-Unis. Il y a urgence. Puces électroniques, principes actifs de médicaments, hydrogène, terres rares pour les éoliennes, lithium pour les batteries, protéines pour l'alimentation du bétail, technologies en "nuage" : la Commission a constaté que sur 5.200 produits importés dans l'Union Européenne, il y en avait 137 pour lesquels l'UE était fortement dépendante, dont la moitié viennent de Chine. Ces 137 produits représentent 6% de la valeur du total des produits importés en Europe et se trouvent surtout dans les secteurs liés à l'énergie, aux matières premières ou dans la santé/chimie, avec les substances actives pharmaceutiques. Dans le secteur crucial des semi-conducteurs (microélectronique), dont la production européenne est tombée aux alentours de 10% contre 40% il y a 20 ans, la Commission aimerait que l'Europe puisse rouvrir des usines.
Ne plus se cantonner au marché commun
En Italie ce samedi pour participer au forum The European House, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a plaidé pour "une Europe plus forte" qui construise son "indépendance politique" et une "souveraineté technologique" au lieu de se cantonner à un rôle de "marché commun".
Parmi ces valeurs figurent la "solidarité entre les nations" et "un modèle de développement économique respectueux de l'environnement", a-t-il insisté, alors que la France prendra en janvier la présidence tournante du Conseil des ministres européens.
"Il n'y a pas de souveraineté politique sans souveraineté technologique. On ne peut pas être politiquement souverain quand on dépend de l'étranger pour les semi-conducteurs, les batteries électriques ou l'espace", a fait valoir Bruno Le Maire.
Relocalisations
"On doit bâtir cette indépendance européenne en relocalisant des productions industrielles et en construisant de nouvelles chaînes de valeurs dans des secteurs comme l'hydrogène, l'intelligence artificielle, les batteries électriques, les biotechnologies ou la santé", a-t-il expliqué.
Pour financer ces investissements, "il faudra l'union des marchés de capitaux et l'union bancaire", a-t-il relevé. "Nous espérons enregistrer des progrès sur ces sujets où les enjeux financiers sont très lourds".
Bruxelles veut augmenter la production de semi-conducteurs
Concernant les semi-conducteurs, "les Etats-Unis et nous sommes exactement pareils, on ne produit que 10% des semi-conducteurs sur nos territoires, on a décidé de passer à 20% dans les 10 ans qui viennent" avait déclaré au printemps le commissaire européen Thierry Breton. Soit un doublement de la capacité de production du continent d'ici 2030.
Pour y parvenir, la Commission a annoncé une "alliance" européenne réunissant tous les acteurs de la chaîne des semi-conducteurs, recherche privée et publique et industriels, en vue de mettre en place un nouveau PIIEC (projet important d'intérêt européen commun).
Cet outil, déjà mis en place sur les batteries (2,9 milliards d'euros d'ici 2028) et dans le domaine de l'hydrogène, autorise sous certaines conditions des États membres alliés entre eux sur des projets transfrontières à contourner les règles de concurrence en permettant de subventionner des projets d'industrialisation dans des secteurs stratégiques.
Selon le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, l'UE a été "trop naïve" dans son approche de certains secteurs critiques comme les puces électroniques, essentiellement produites en Asie.
En conséquence, d'autres alliances stratégiques sont à l'étude, dans le domaine des lanceurs spatiaux, l'aviation à émissions nulles, ou les données du "cloud", en essayant d'encourager les technologies de rupture au passage.
(avec AFP)
latribune.fr3 mn
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