By akademiotoelektronik, 10/10/2022
La fusion Hadopi - CSA, confirmée par le ministre de la Culture et de la Communication,
Donnera naissance à une nouvelle entité aux pouvoirs plus étendus
Début octobre, après six mois de travaux, c'est un rapport formulant quarante propositions que la mission dinformation « sur une nouvelle régulation de la communication audiovisuelle à lère numérique » a produit. Sans surprise, la lutte contre le piratage a été notamment mise en avant dans le rapport. « Il y a urgence à agir, car cest 1,3 milliard deuros de pertes », soit léquivalent du chiffre daffaires des exploitants de cinéma, affirmait alors la députée LREM Aurore Bergé qui était rapporteur. Soixante-cinq millions de vidéos illégales sont consultées chaque mois en France, en particulier par les 15-24 ans. Mais le rapport rappelle qu'en 2017, seules 88 amendes ont été infligées, dont une dau moins 2000 euros, alors que 17 millions de plaintes dayants droit ont été adressées à la Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des uvres et la protection des droits sur Internet).Partant de ce constat, les parlementaires recommandent de renforcer les pouvoirs de la Hadopi et de la doter dun pouvoir de transaction pénale, cest-à-dire la possibilité dinfliger une sanction pécuniaire sans passer par le juge pour ceux qui utilisent les sites de streaming et de téléchargement. Ils plaident aussi pour que lautorité indépendante puisse bloquer temporairement les liens de live streaming. Lenjeu est dimportance pour des opérateurs comme SFR, qui débourse 350 millions deuros par an pour la diffusion de la Ligue des champions de football, et des chaînes comme Canal+, qui estime que la baisse du piratage lui permettrait de conquérir 500 000 abonnés en plus. La mission propose aussi de fusionner la Hadopi avec le Conseil supérieur de laudiovisuel (CSA) « pour créer une autorité unique de régulation des contenus audiovisuels ». C'est une idée qui avait déjà été proposée lors du quinquennat précédent avant d'être abandonnée. « Il est cohérent de fusionner le CSA (qui doit veiller au respect des conventions des chaînes et des stations, protéger le pluralisme, les jeunes publics et, demain, participer à la lutte contre la manipulation de linformation) et la Hadopi (qui a développé une expertise technique et juridique extrêmement forte) pour disposer dune autorité de régulation vraiment puissante », estimait Mme Bergé.Le projet de loi qui doit réformer le secteur audiovisuel français prévoit une fusion entre le Conseil supérieur de laudiovisuel (CSA) et lautorité de lutte contre le piratage afin de créer un nouveau régulateur aux pouvoirs étendus aux acteurs du numérique, a confirmé mardi Franck Riester, le ministre de la Culture et de la Communication, lors dune rencontre avec lassociation des journalistes de médias. Le gouvernement finalise un texte qui a pour ambition dassouplir la réglementation des acteurs de la télévision et de la radio tout en préservant le modèle français de financement des uvres. Le projet, qui sera présenté en conseil des ministres début novembre avant darriver au Parlement début 2020, prévoit de fusionner le CSA et la Hadopi.Le CSA soccupe de la diversité culturelle, de lindépendance des médias et du pluralisme. Mais historiquement, le CSA a pour mission de contrôler lusage dun bien public limité : les ondes hertziennes. Or avec le numérique, la rareté de la ressource nest plus : elle a donc vu son champ daction se resserrer sur une mission de contrôle de linformation et de lexception culturelle. La Hadopi, elle, a pour mission de combattre le piratage en ligne via le système de la riposte graduée (bien que limitée aux réseaux pair à pair) et à la promotion de loffre légale. Là encore, la mission de la Hadopi concerne la régulation des contenus. Des journalistes présents au déjeuner ont relayé différents points sur Twitter. Nous apprenons par exemple par le biais de la journaliste Mégane Gensous que ce rapprochement avec le régulateur se matérialisera par un système de nomination croisée pour les membres. Carole Villevet, pour sa part, indique que « CSA et Hadopi vont fusionner en une autorité qui aura des pouvoirs étendus ». Le but de cette fusion est de créer une toute nouvelle entité qui bénéficierait de pouvoirs étendus : « lidée, cest de créer une autorité nouvelle sur la base de cette fusion qui soit régulateur à la fois des communications audiovisuelles et des communications numériques », explique Frank Riester. D'autres points sont également abordés, notamment la réglementation de la publicité TV. Selon Gensous, qui a rapporté les déclarations du ministre, son évolution se fera par décret(s) en parallèle du calendrier de la réforme de laudiovisuel : la modification du décret de 1992 sera présentée fin septembre pour une entrée en application au 1
er janvier 2020. Franck Riester aconfirmé que la publicité segmentée en télévision et radio sera autorisée, avec pour limite de ne pas mentionner les points de vente à proximité « pour ne pas déstabiliser les autres médias ».En fait, le texte autoriserait la publicité qui permettra de cibler les messages commerciaux auprès des téléspectateurs, à linstar de ce qui existe sur Internet. Un décret du 27 mars 1992 « fixant les principes généraux définissant les obligations des éditeurs de services en matière de publicité, de parrainage et de télé-achat » interdit à ce jour ce type de publicités. Son article 13 expose en effet que « les messages publicitaires doivent être diffusés simultanément dans l'ensemble de la zone de service », prohibant toute granularité.En attendant, la Hadopi réclame du ministère de la Culture une enveloppe de 9 millions deuros de subventions pour assurer ses actuelles missions, dont la riposte graduée, en 2020. Une somme qui devra être votée par le Parlement à loccasion de l'examen du prochain projet de loi de finances. Dans une autre délibération, votée le 29 juillet, linstitution souligne que sa « trajectoire budgétaire » est désormais « stabilisée », expliquant cette constance budgétaire.Sources : Reuters, Mégane Gensous, Carole Villevet, Hadopi
Et vous ? Que pensez-vous de cette fusion ? Que pensez-vous du budget demandé par la Hadopi ?
Voir aussi : Loi anti-fake news: le CSA détaille ses recommandations pour les plateformes en ligne, et ouvre une consultation publique La Hadopi commande une analyse de l'écosystème des sites pirates, au terme de laquelle elle s'avoue désarmée « face à ces nouveaux services » Hadopi : l'autorité a constaté près de 3000 négligences caractérisées en un an, qui ont conduit à 76 condamnations
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